[FE] Rencontre -- Krystal Collins

Un rictus rouge carmin se dessine sur un visage pâle auréolé de longs cheveux noirs alors qu’en fasse d’elle, deux amants pleurent et supplient. L’homme est saucissonné nu comme un vers par un incarcerem et contraint de voir sa belle être torturé par les diffindo réguliers que lui lance la sorcière. Tout deux des infidèles, qui ne méritent qu’une chose : payer. Payer pour leur crime. Lui trompe une femme malade en passe de mourir. Elle trompe un petit-ami fou d’amour. Ces deux là insupportent donc Bryanna, la dégoutent, la révulse. En les regardant, elle a l’impression de voir son propre père et sa pétasse aux petits yeux porcins. Ils connaîtront le même sort, d’ailleurs, que ces premières victimes de la future Madame Llewellyn.

Lorsque Bryanna quitte le motel dans un petit crac pour atterrir sur le chemin de traverse, il ne reste dans la chambre dont elle vient de sortir, que deux cadavres couverts de sang, égorgés, écorchés. Tant mieux. Aux yeux de la sorcière, son petit divertissement a au moins été profitable pour l’humanité, pour les époux trompés. Tant pis si la presse fait étalage du « drame » tant pis si, brutalement, les conjoints apprennent qu’ils étaient trompés : ils sont maintenant vengés. Heureuse, fière d’elle-même, la grande brune décide de trinquer un coup à sa santé au chaudron baveur.

Presque impériale, la guérisseuse entre dans la bâtisse et se dirige vers le bar où elle s’assoit, commandant un bon scotch, le « meilleur » qu’ils ont. Le barman sort alors une bouteille neuve et pleine qu’il présente à la demoiselle en attendant que cette dernière acquiesce pour accepter, ou non, qu’il serve ce produit. Ce qu’elle fait avant de porter le verre à ses lèvres, une fois que celui-ci est plein. C’est à ce moment là que, du coin de l’œil, elle remarque une agitation à ses côtés.

Krystal possédait cette sérénité que les gens ne saisissaient généralement pas. Il s'agissait, en réalité, plus de résignation mais c'était une chose que son entourage plus ou moins proche ne comprenait pas. La jeune femme tenait ça d'un certain recul sur la vie qu'elle acquit depuis l'enfance, cette manière de vivre en spectatrice, une manière d'appréhender la vie qui lui avait plusieurs fois éclairée le chemin et ceux des autres même si cela pouvait lui attirer l'impression qu'elle était un peu froide et distante. Il était vrai qu'avec cette manière de vivre la vie de loin, Krystal se sentait à part autant qu'elle se sentait normale. Si ces dispositions avaient fait ces talents dans la recherche historique, elle avait encore à faire ces preuves dans le domaine de l'enseignement.

Cependant, en ce deuxième week-end de la rentrée, Krystal n'avait rien à prouver du tout. Habituellement, la jeune femme n'avait guère le temps pour des loisirs, ou même simplement un peu de temps libre. Cependant, dieu seul savait pourquoi, l'espoir de croiser Dak' peut-être, elle avait choisit de quitter Poudlard en début d'après-midi ce samedi-là pour prendre la direction du plus célèbre village de sorciers de toute l'Angleterre. La jeune sorcière voyait ses pensées vagabondées entre l'instauration du Code International du Secret et la perspective implicite et ignorée de retrouver Dak'. En réalité, elle n'avait pas vraiment conscience de venir là pour son cousin, même si au fond d'elle-même, elle le savait, elle justifiait ça simplement par un besoin de prendre l'air entre deux études. Une excuse d'une crédibilité limitée puisqu'elle ressentait rarement le besoin de prendre l'air. Elle fit un tour dans le charmant village quand l'envie lui prit, au détour de la vision des Trois balais, de rechercher un livre sur la création du village de Pré-au-Lard. Ce village avait été créé en même temps, ou presque, que Poudlard, y aurait-il eu un lien entre ses deux évènements? Mais avant de creuser davantage la question, elle se devait d'aller voir elle-même chez Fleury et Bott et d'autres librairies du Chemin de Traverse, si aucun essais n'avait été rédigé là-dessus.

Ses pensées avaient déjà quittés Dak' pour s'envoler vers des horizons d'alliances familiales ou d'accord liés lors d'un conseil des sorciers pour expliquer la création simultanée des deux lieux magiques britanniques les plus célèbres, lorsqu'elle arriva devant le Chaudron Baveur dans lequel elle s'empressa d'entrer. Cependant, dans la précipitation, la porte heurta l'épaule d'un sorcier auprès duquel elle s'excusa de manière tout-à-fait naturel avant de vouloir reprendre son chemin.

"Hey, vous allez où?"

Krystal se retourna pour regarder l'homme d'un œil inexpressif avant de hausser les épaules :

"Comme tous les sorciers qui ne font que traverser ce bar, acheter du matériel pour pratiquer la magie. Cela vous pose-t-il un problème?"

La question pouvait être mal interprété, du genre provocateur et c'est certainement ainsi que le sorcier le prit au vu de la réaction qu'il eut. Pourtant, Krystal ne pensait pas à mal. L'homme semblait presque s'indigner qu'elle continue son chemin, elle souhaitait donc savoir où était le problème.

"Le problème, ma jolie, c'est que tu as abîmé ma veste."

L'homme était habillé d'une manière moldu assez étrange. Son pantalon marron digne d'un octogénaire était accompagné de baskets et d'un tee-shirt assez long qui dépassait de sous sa veste de costard. Probablement, cet homme ne devait pas mettre les pieds dans le moldu très souvent. Et encore, il ne portait pas de robe, réservée aux femmes chez les moldus. Mais en effet, à sa veste de costard, qu'il avait du trouver trop triste car elle était jaune, était légèrement marqué à l'épaule et en regardant bien, elle aurait vu voir la trace du raclage de la porte qui avait, à coup sûr, ruiné la classe de son habillage. Habituée à ce genre de sorciers malhabile dans le mode vestimentaire moldu, la jeune femme ne se permit pas d'en rire. Aussi ridicule qu'il puisse être, l'habit ne faisait pas le moine, aussi vrai qu'un géant pouvait être peureux!

"Et bien... J'accepte le compliment, un peu moins la possession qui le précède. Je suis... désolée..."

En réalité, il ne s'agissait pas de timidité, mais plus d'incompréhension. Qu'attendait-il d'elle? Des excuses? Il lui semblait tout de même que c'était la seconde fois qu'elle lui en faisait...

"Tes excuses ne vont pas réparer mon costume!
-Et bien... vous pouvez prendre votre baguette et réparer vous-même votre costume, à moins que vous ne souhaitiez que ce soit moi qui le fasse puisque je suis à l'origine des dégâts...
-Pas question! Cette veste est de très haute qualité..."

Qu'il avait ruiné en pratiquant un sortilège de changement de couleur dessus mais qu'importe...

"... Il est hors de question qu'elle soit réparer par magie!
-Qu'est-ce que vous attendez de moi, alors?
-Que vous me payez une autre veste."

Krystal regarda la veste avec attention. La jeune femme avait justement postulé pour Poudlard parce que bosser comme serveuse n'était plus possible pour elle, elle n'aimait pas cela. La deuxième raison était d'ordre financière puisqu'elle avait dû rendre son logement à son propriétaire dont elle peinait à payer le loyer. Elle commencerait, dès la fin du mois, à pouvoir enfin respirer et il lui demandait de payer une veste qui valait certainement un bon quart de son salaire?

"Je suis désolée, ce n'est pas possible, je n'ai pas les moyens. Et puis, prenez cela comme une leçon.."

L'homme la coupa violemment :

"Une leçon? C'est vous qui avez abîmé ma veste!
-Quand on reste derrière une porte, on doit s'attendre à ce qu'elle s'ouvre. Les gens ne voient pas naturellement à travers les portes, je n'étais pas censé deviné que vous vous teniez derrière...
-Parce que vous insinuiez que c'est de ma faute?
-Non. Seulement que les torts sont partagés."

L'homme ne semblait pourtant pas l'entendre de cette oreille et s'avança vers elle alors qu'elle restait campée sur ses positions. Pour autant, elle ne souhaitait rien transmettre d'hostile dans son attitude, pour éviter les dégénérescences. Tout en continuant à avancer, il lui parlait :

"Ma veste a été abîmé et vous m'avez insulté, j'exige réparations!
-Si insultes ont été proférés, elles ne viennent pas de moi, monsieur et j'ai déjà présenté mes excuses pour votre veste, c'est la meilleure réparation que je puisse vous donner.
-J'exige!
-Vous n'aurez pas satisfaction."

Cette fois, la voix de la jeune Krystal était un peu plus ferme alors que, jusque-là, elle avait répondu d'un ton tranquille. Son regard franc essayait de ne pas être mal interprété en restant particulièrement neutre et pacifique. Mais cela ne semblait avoir aucun effet sur le sorcier qui la dominait d'une bonne tête et s'était posé à moins de 50 centimètres de la jeune femme. Cependant, l'altercation entre les deux sorciers avaient attirés des regards alentours de plus en plus lointain et sur la masse qui était présente, il était inévitable que quelqu'un réagisse... Et ce fut ce qui arriva.

Et dire que la sorcière aspire simplement à boire un coup tranquillement, pour fêter ses nouveaux meurtres. L’agitation la gêne autant que le ton qui monte et les chuchotements qui parcourent l’assemblée semblant hypnotisée par la scène. Avec une grimace de colère, Bryanna ne regarde pas derrière elle, se concentrant sur son verre en essayant de faire abstraction de tout de brouhaha. A vrai dire, l’ensemble n’est pas si fort que cela, mais l’agacement de la guérisseuse rend le tout vraiment pénible à ses yeux. Ne peuvent-ils donc pas se taire ? La jeune femme regrette de ne pas avoir sut que le chaudron baveur était désormais le repère des malotrus et des grosses brutes. Elle qui ne connaissait ici que la quiétude, jusqu’à aujourd’hui. Personne ne lui a dit que le bar est devenu ce qui semble être une taverne mal famée.

Une dispute pour une histoire de costume. La demoiselle lèvre les yeux au ciel : qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! Toute cette agitation pour une espèce de cardigan moldu… La sorcière préfère ne pas écouter, autrement, elle s’étranglerait aisément avec sa boisson. Au final, elle fusille le patron du regard, comme pour lui indiquer qu’elle aimerait beaucoup avoir la paix, si sa clientèle voulait bien la boucler. Lui, derrière son comptoir, préférait éviter le regard de la brune, ne sachant comment intervenir sans risquer de perdre des clients.

Au bord de l’explosion, la sorcière toise le couard alors que sa fureur grandit en elle. Comment est-il possible de faire tant de ramdam pour de si petites affaires ? Bryanna ne comprend pas, pour être honnête. Non, elle ne comprend pas que l’on puisse emmerder tout un bar pour une affaire de veste de costume. Si cela ne l’énervait pas autant, la jeune femme rirait peut-être du ridicule de la situation et du motif de dispute. Mais au lieu de cela la guérisseuse bouillonne, excédée qu’elle l’est par le ton employé par l’homme… envers une femme, en plus !

La sorcière endure un certain temps, sans dire un mot, le supplice de cette bataille qui rage derrière elle. Son verre vide attend devant elle, qu’elle le fasse remplir de nouveau. Mais elle ne le fait pas. Lorsque Bryanna prend enfin le verre, ce n’est pas pour demander au barman de lui en servir un second mais pour fracasser l’objet sur le comptoir, dans un tintement crissant. Alors, les visages se détournent de la dispute pour fixer leurs regards sur le dos de la jeune femme qui se lève avant de se retourner vers les deux adversaires : une femme qu’elle ne connait pas vraiment et un homme, qu’elle reconnait en un instant.

«- Allons-donc Petrov ! Ton costume est tellement ridicule et tellement mal assortit que même Shawn en robe du soir moldu ne pourrait pas faire rire davantage. Regarde toi donc un instant, on dirait l’un de ces hommes pitoyables qui font rire les marmots des moldus. Tu donne une couleur immonde à cet accoutrement et ose tenir mademoiselle responsable du fait qu’il soit abimé ? Au contraire, tu devrai la remercier de t’empêcher de te présenter ainsi devant les moldus. Aucun ne te prendrai au sérieux. Allons va ! » ordonne t’elle, impériale. «- Va. Et n’oublie pas que Monsieur Llewellyn t’attends pour onze heure très précise. Il ne pardonnera pas un énième retard ! Maintenant, disparait de ma vue.»

L’homme exécute les ordres de la sorcière, craignant peut-être les remontrances de Shawn s’il décidait de ne pas obéir et de s’en prendre à la jeune femme. Disparaissant par le passage menant au chemin de traverse sous le regard de Bryanna, il n’ose pas, pour sa part, se retourner. Comme s’il a peur qu’elle l’exécute sur place s’il s’y amuse. Le voyant partit, la jeune femme tourne son visage en direction de la responsable de toute cette agitation. Après l’avoir observé quelques instants, la sorcière se désintéresse d’elle et gagne le bar où elle commande enfin un nouveau verre. Bryanna ne dit rien à cette fille. Pourquoi lui adresserait-elle la parole ? Bree n’a rien à lui dire et apparemment, de toute façon, cette fille a des affaires à régler. Alors la sorcière reprend ses festivités là où elle les a laissées.

Le bruit d'une explosion de verre était un bon exemple d'intervention qui permet de désamorcer pendant quelques secondes une situation tendue. Comme tous les autres sorciers, le regard de la jeune femme dériva vers la source du bruit. Une jeune femme brune aux traits sévère venait d'exploser sur le comptoir et les toisait, l'air passablement agacé. Krystal aurait pu presque la remercier si elle n'avait pas l'impression que sa colère n'allait faire qu'empirer les choses. Pourtant, avec un certain intérêt, elle regarda l'effet que les mots et l'intonation de la sorcière avait sur cet homme qui semblait perdre le peu de la superbe qu'il avait. La femme avait un certain manque de tact mais cela semblait avoir son effet, à moins que la jeune femme ait sur cet homme un moyen de pression qu'elle ne possédait pas. Cette dernière hypothèse semblait la plus probable car il ne semblait pas homme à se laisser marcher sur les pieds sans rien dire. Mlle Jugson devait avoir un sacré appui pour le faire filer droit de cette manière. Au lieu d'être soulagée de l'ennui procuré par le départ du sorcier, Krystal était mal à l'aise. Il y avait derrière cette obéissance, une crainte malsaine qui lui déplaisait. On ne faisait pas marcher un sorcier la queue entre les jambes avec quelques menaces. Le ministre Llewellyn avait beau être un homme influent de par son statut, elle doutait qu'il soit capable d'être injuste et ce, malgré les traditions des sang-purs qu'elle déplorait et désapprouvait.

Oui, elle savait que la jeune femme qui l'avait "débarrassé" de l'embarras de la situation était Bryanna Jugson. Krystal avait beau rendre peu visite à ses parents, il lui arrivait d'aller faire un tour à St-Mangouste pour y voir sa mère, secrétaire dans l'étage auquel travaillait la jeune guérisseuse. La demoiselle Collins avait déjà eu l'occasion de croiser Mlle Jugson et ne l'avait pas oublié. D'abord parce qu'elle n'était pas femme qu'on oubliait par l'aura étrange entre charisme et autorité et... quelque chose d'autre qui rendait le tour fascinait. Ensuite, il fallait savoir que Krystal avait une excellente mémoire, surtout visuelle. Elle retenait autant les mots que les chiffres ou les visages. Elle n'avait pas oublié celui de la guérisseuse.

Le trouble passé, les regards des clients du chaudron Baveur revenaient parfois sur la jeune Collins, parfois que Mlle Jugson qui semblait déjà avoir oublié l'incident, vaquant à ses occupations, en l'occurrence, boire. Krystal n'était pas femme à boire de l'alcool, elle n'avait que peu d'attirance pour ce genre de boisson et n'en buvait qu'en de grandes occasions, qu'il y avait du monde et ne pouvait refuser, se gardant cependant de s'abandonner au même genre de plaisir que d'autres à sombrer dans la mélancolie, les rires ou le chagrin, une choppe à la main. C'était un attrait qui n'avait pas le moindre charme pour elle, difficile donc de comprendre ceux qui s'y laissaient sombrer. Il ne lui avait pourtant pas sembler que la guérisseuse était adepte de ce genre de passe-temps mais cela était encore difficile à dire. Ce n'est pas parce qu'elle buvait à l'instant que c'était pour autant une habitude. Et Krystal était lucide : ignorante du monde de la fête alcoolisée, elle n'avait aucune arme pour reconnaitre les meilleurs amis de l'alcool.

La guérisseuse ne semblait pas l'avoir reconnue. Ou, si c'était le cas, ne donna pas suite à leur rencontre. Krystal choisit donc d'en avoir le coeur en allant la rejoindre près du comptoir. La jeune femme penchait pour la première hypothèse, Bryanna Jugson l'avait regardé quelques instants sans que la moindre lueur reconnaissable d'un éclaircissement ne se fasse voir, aussi, il était peu probable qu'elle l'est reconnu. De toute manière, ce n'était pas, pour Krystal, quelque chose d'étonnant. Disparaitre aux yeux de tous n'était pas une chose qui lui était inhabituelle. Elle savait qu'elle était capable de se faire remarquer, elle n'avait jamais vu aucun attrait à la célébrité, à être reconnut, à attirer l'attention et n'en faisait donc pas grand cas d'être une inconnue parmi les inconnus.

Krystal s'assit à côté de la jeune femme et commanda un verre de jus de citrouille pour éviter le regard insistant du barman qui serait probablement contrarier de voir des gens s'installer dans sa boutique sans commander quoi que ce soit. Elle sourit à la jeune femme, à mi-chemin entre le remerciement et celui qu'on adresse à ceux qu'on connait peu.

"Enchantée. Krystal Collins. Vous me reconnaissez certainement pas mais je vous ai déjà croisé. Ma mère travaille comme secrétaire à l'étage de St-Mangouste où vous travaillez. Je voulais vous remercier pour le coup de main pour l'affaire... Petrov, c'est ça?"

D'un sourire, elle remercia le barman qui lui ramena sa commande. La sorcière mit inutilement sa main autour de son verre puisqu'elle ne le porta pas à la bouche. Personne n'irait lui voler un jus de citrouille en plus... Mais tous les gestes humains n'étaient pas rationalisé au millimètre et à la seconde près. C'était le cas de ce geste-là.

Bryanna boit tranquillement le contenu de son verre, sans plus se soucier du monde qui l'entoure. Comme ça, on pourrait la prendre pour une alcoolique. D'autant plus que l'alcool a tendance à faire perdre le contrôle. Et beaucoup pourraient prendre son intervention pour un effet secondaire de la boisson. Mais ce n'est pas le cas. La sorcière est loin d'être une ivrogne et boire au point de devenir timbrée n'est pas de son genre. Il lui arrive de ne pas boire autre chose que de l'eau durant des jours sans qu'elle ressente le moindre manque. Mais aujourd'hui était un jour spécial.. Oui, bon, la mort de deux êtres n'est pas le meilleur des motifs pour s'adonner à des réjouissances mais, aux yeux de Bryanna en ce jour, cela constitue une très bonne raison, au contraire... Même si dans le fond, tuer est un acte qu'elle pratique assez régulièrement. Il faut dire aussi qu'il y a tellement d'infidèles... Mais en général, avant d'en arriver à tuer, la jeune femme mène une longue enquête. Le tout est d'être sûre de soit, de ne pas se planter et tuer deux amoureux innocents. Alors Bree fait attention et, quoiqu'elle tue relativement souvent, elle ne le fait jamais sans avoir la certitude de s'en prendre à un réel infidèle.

La demoiselle, que Bryanna se souvient d'avoir déjà vu, ne lui en déplaise, rejoint la sorcière et prend place à ses côtés en demandant un jus de citrouille. Intriguée, la guérisseuse se demande ce que cette fille, qu'elle ne connaît pas vraiment, peut bien lui vouloir. La remercier ? La belle affaire. Bree n'est intervenu que dans l'espoir de ramener la sérénité en ce lieu qu'elle avait choisit pour son repos et ses festivités en solitaire.

Il faut croire que cette fille, Krystal, a l'impression de ne pas avoir été reconnu par la sorcière puisqu'elle se présente en précisant qu'elles se sont déjà vu à Sainte-Mangouste où travaille sa mère. L'ancienne Poufsouffle s'en souvient fort bien. D'abord parce qu'elle oubliait rarement les visages qu'elle croisait, ensuite parce que Madame Collins ne tarissait pas d'éloge sur la beauté, la perfection, de sa progéniture. Ce qui, au fond, avait le don d'agacer prodigieusement Bryanna qui depuis longtemps avait pris le partit de fuir Madame Collins aussi souvent que cela lui était possible.

«- Oui, je sais que nous nous sommes déjà vu par le passé. Je suis Bryanna Jugson. Et ce n'est rien. D'autant plus que je ne l'ai pas fait pour vous mais pour ma tranquillité.»

Bryanna n'est pas d'un naturel égoïste. Mais elle est en revanche reconnue pour être assez franche et c'est exactement ce qu'elle est en cette instant. Elle n'est pas intervenue pour mademoiselle Collins mais pour ses propres intérêts. Et parce que l'homme, pour des broutilles, allait encore se mettre en retard pour son rendez-vous avec le ministre Llewellyn, comme toujours. Hors, le sorcier Devait voir monsieur Petrov à cause d'une affaire à laquelle Bree portait peu d'intérêt, au point de ne pas en savoir grand chose, hormis le fait que c'était en rapport avec le ministère dirigé par son futur époux.

«- Ceci dit, cet homme a eut ce qu'il méritait. C'est un dégueulasse, doublé d'un imbécile et d'un couard. Son seul plaisir dans la vie est de s'en prendre aux femmes. Remarquez, à ses yeux nous sommes sûrement moins puissante que les hommes... Quoiqu'il en soit, il aime à ennuyer les demoiselles. Ou a les mettre dans son lit. Parfois même les deux, selon son humeur. Alors que l'une d'elle lui résiste ne peux pas lui faire de mal. Cela le ramène à sa réalité... Il gagnerait, je pense, à ce que davantage de jeunes femmes lui tiennent tête et se fassent respecter de lui mais, allez comprendre, beaucoup se pâment devant son air bourru. » La jeune femme finit son verre et dévisage Krystal sans ajouter un mot. « Et sinon, dans quoi travaillez-vous ?» demande t elle en changeant totalement de sujet. Pas que la pluie et le beau temps l’intéressent particulièrement mais comme de toute évidence, Krystal semble désireuse de parler, autant commencer par faire connaissance, non ?

Krystal était une femme qui se fondait facilement dans les foules. Quoi que son physique avantageux puisse attirer les regards, elle n'en tirait aucune fierté, plutôt de jeunes gens un peu entreprenants. Aussi, elle ne s'attendait pas spécialement qu'on se souvienne d'elle car elle était femme sociable mais discrète. Étonnamment, Mlle Jugson se souvenait d'elle et sous-estimait son excellente mémoire puisqu'elle prit la peine de lui rappeler son nom. Krystal but une gorgée de jus de citrouille avant de lui signaler qu'elle s'en souvenait également. Bryanna ne semblait, elle, pas femme à accepter les compliments. La même sensation noire prit la jeune sorcière. Il y avait dans le côté solitaire de la jeune femme, la même indépendance que dans son côté autoritaire qui avait poussé l'homme à fuir une femme qui faisait bien la moitié de son poids.

Krystal passait régulièrement au bureau de sa mère. Sofia Collins était bien une autre femme au boulot que chez elle. Comme Krystal enfant, la femme d'Henry Collins supportait les colères de ce dernier en épouse bien obéissance et aimante. Si Krystal comprenait l'action de sa mère pour avoir fait la même chose quand elle habitait encore avec ses parents, elle déplorait le fait qu'elle se renfermait quelque peu chez eux. Au boulot, elle était souriante, agréable, et assez bavarde. A l'écouter, Krystal était un ange, Rémy le fils le plus génial du monde et Zoé une enfant adorable. Non pas que ses enfants soient le contraire de ces adjectifs mais il ne fallait pas oublier que Krystal avait fuit lâchement la maison, du moins c'est ainsi que Krys prenait son propre acte, que Rémy menait une guerre sans merci contre son père et que Zoé... Bah Zoé, elle n'en savait rien puisqu'avec 12 ans d'écart, Krystal n'avait pas très longtemps vécu sous la même toit qu'elle et que depuis son départ, la jeune Serdaigle avait certainement changé. Krystal avait toujours su bien caché ce qui se passait chez elle, même Dak', pourtant son cousin et très proche d'elle, n'en avait jamais rien su. Et Sofia était du même bois. Rémy, lui, se battait, mais personne ne semblait deviner à quel point le ressentiment qu'il couvait à l'égard de son père était fort. Quant à Zoé... Il semblait qu'elle suivait le même chemin que Krystal bien qu'elle ait déjà aperçu dans son regard, cette même lueur que dans les yeux de Rémy.

La jeune Krystal continua de boire son jus de citrouille en écoutant Bryanna. Il lui semblait entendre bien trop de dureté et de force dans ses mots, pourtant elle ne fit pas le moindre commentaire sur ce terrain-là. Il existait des femmes qui se battait, même si Krystal ignorait contre quoi. La demoiselle Jugson, fiancée au fils du ministre de la magie semblait avoir besoin de s'imposer dans le monde de son futur époux, à moins qu'associé à ses affaires, elle ne doit se tailler un costume d’intransigeance sans lequel elle se ferait écraser...? Dans tout les cas, elle aurait été curieuse de savoir de quel moyen de pression la belle avait sur l'homme car bien qu'il fut normal qu'elle demanda à ce qu'il se dépêche d'aller rejoindre Mr Llewellyn, qu'il s'agisse du père ou du fils, il était, en revanche, étonnant qu'il soit partit la queue entre les jambes sans demander son reste, avec une crainte malsaine qui la mettait encore mal à l'aise. Avait-il déjà eu affaire à Mlle Jugson et reçut une correction digne de ce nom ou s'agitait-il d'un véritable poids sur ses épaules? La curiosité de Krystal n'avait d'égal que sa perspicacité et elle était prête à mettre la première au service de la seconde.

Cependant, Mlle Jugson fut plus rapide qu'elle et lui demanda dans quoi elle travaillait. Krystal lui adressa un sourire franc et quelque peu amusée :

"Dans l'enseignement. J'ai remplacé Binns à la rentrée."

Krystal but une gorgée de jus de citrouille avant de revenir au sujet qu'il l'intéressait :

"Il faudrait quand même que vous me donniez votre astuce pour qu'un homme ait aussi peur de vous. On aurait dit qu'il aurait crut que vous alliez le bouffer tout cru."

Était-ce une pression parce que la demoiselle Jugson était dans le secteur où une personne proche de l'homme était instable médicalement? Ça pouvait être le cas, c'était un très bon moyen de faire chanter les gens. Mais ça n'enlevait pas la question de la peur de cet homme. N'importe qui serait dans l'affaire d'un chantage, il foudroyait au moins son maître chanteur du regard. ca ne pouvait donc pas être cela qui était à l'origine de la crainte de l'homme.

Pourquoi Bryanna a-t-elle eut l’idée de questionner la jeune femme sur son métier ? Cela n’a aucune espèce d’utilité quelconque, sinon poursuivre la conversation. Et pour ne rien vous cacher, Bree n’a pas spécialement envie de discuter inutilement encore longtemps. La jeune femme n’est pas du genre à parler de choses inutiles. C’est une perte de temps suffisamment agaçante pour en pas s’y adonner. La sorcière n’aime pas ça pour le moindre sous. Pire, elle déteste user sa salive pour rien. De fait, elle se demande encore pourquoi elle n’envoie pas simplement Krystal voir ailleurs si elle y est. Peut-être tout bonnement par ce qu’elle a reçut une bonne éducation et qu’il en reste des traces, malgré ce qu’elle est devenue.

Lorsque Krystal répond à la question de la guérisseuse, celle-ci manque de s’étouffer. Heureusement qu’elle n’est pas occupée à boire lorsque la brune à ses côtés lâche l’information. La demoiselle a, c’est le moins que l’on puisse dire, un peu de mal à réaliser que ce que dit la fille de sa collègue est vrai. D’autres, en apprenant cette nouvelle, ont probablement eut le même genre de réaction. Cette annonce a beau être « petite », elle est néanmoins un peu comme une bombe, qui chamboule tout ce en quoi l’ont peut croire.

«- Le professeur Binns dites-vous ? Je commençais à croire que le bougre ne lâcherait jamais son précieux poste… il enseignait depuis… un très, très, très long moment. Comment l’ont-ils convaincu d’arrêter le travail ? Il était accroché à son siège de professeur comme une moule peut l’être à son rocher ! J’ai vraiment du mal à croire à la véracité de ces propos, je vous le confesse. Je veux dire, je ne pensais pas possible qu’une telle chose finisse par ce produire. J’ai toujours pensé, depuis ma scolarité, que le professeur Binns enseignerait jusqu’à la fin, s’il est possible qu’un tel drame arrive bien sûr, de Poudlard. »

Bryanna ne revient pas d’entendre une telle nouvelle. Qui avait donc réussit à faire quitter son poste au professeur Binns ? La sorcière gardait de lui le souvenir d’un homme, ou plutôt d’un fantôme, particulièrement ennuyeux et endormant dans ses cours, bien plus que les autres professeurs. Et il était têtu de surcroit, à ne jamais vouloir arrêter de donner ses cours. Dans sa scolarité, la jeune femme en avait beaucoup souffert. Les cours d’histoire de la magie avaient représentés une véritable torture de tout les jours ou presque.

«- Disons que cet homme connait simplement sa position dans notre société. Ainsi que la mienne, je suppose. De plus, j’imagine que s’il a à faire au ministère de Shawn, celui des mystères, ce n’est pas pour rien. Je ne sais pas pourquoi il doit voir Monsieur Llewellyn mais peut-être pense-t-il le contraire. Peut-être cache t’il quelque chose de vraiment pas glorieux. Je ne vois que cela, à vrai dire. Après, je ne suis au courant de rien là-dessus. Les langue-de-plombs restent d’une discrétion inouïe même avec leur famille.»

La jeune femme se fait servir un jus de citrouille pour pouvoir boire encore un coup sans pour autant abuser de l’alcool. Le regard rivé sur le mur qui lui fait face, la grande brune n’ajoute rien, semblant perdue dans ses pensées. Qu’est-ce qui occupe son esprit en cet instant ? Difficile à dire. Peut-être pense-t-elle simplement à un cas ? Ou cherche-t-elle à élucider le mystère des visites du dénommé Dimitri Pétrov au service des langue-de-plombs ? Que cache-t-il ? Qu’a-t-il à voir avec le département des mystères ? Autant que la demoiselle sache, il n’y travaille pas. Mais a-t-elle réellement besoin de savoir quoi que ce soit à ce sujet ? Non. Sinon Shawn lui en aurait touché deux mots.

Il y avait une chose intéressante à observer chez les autres, c'était leur côté surpris. Ce sentiment n'était pas le plus facilement manipulable mais le cacher comme le feindre était quelque chose à la porté de n'importe quel comédien. La jeune Collins avait appris à contrôler cette émotion mais ne se tenait pas la bride 24h/24. Et ce n'était visiblement pas le cas de la demoiselle Jugson qui laisse éclater son étonnement en manquant de s'étouffer. Krystal aurait pu aisément prendre cela comme un geste de mépris dans le sens où la demoiselle ne pouvait imaginer qu'elle puisse être à la hauteur. Mais Krystal était perspicace, pas paranoïaque. Elle se contenta d'un coup d'oeil surpris. La réaction de la demoiselle lui paraissait quelque peu exagéré par rapport à l'évènement, mais chacun ayant sa manière de réagir, elle ne lui en tint pas rigueur. Comme beaucoup de monde, Bryanna Jugson ne comprenait pas le retrait de Binns de son professorat, lui qui était déjà là à l'époque de leur arrière-grands-parents et que l'on imaginait encore là pour leurs futurs arrières-petits-enfants. Et il était également vrai que personne ne semblait savoir où avait disparu le professeur Binns s'il n'enseignait plus. Il l'était un peu moins que Krystal avait imaginé que Bryanna pouvait parler autant et de manière si... enchainée. La surprise la débridait. Krystal termina son verre avant de lui répondre :

"Vous n'êtes pas la seule à être surprise et à vous poser des questions. Sincèrement, je n'y croyais guère mais le professeur Dumbledore m'a écrit quelques jours avant la rentrée pour m'informer que j'étais engagé. Je ne pas ce que Binns est devenu et j'ignore même si Dmmbledore répondrait si on le lui demandait... S'il vous plait, monsieur... Un autre verre. Merci."

Krystal savait faire la différence entre curiosité et manque de tact. Bien qu'elle use parfois de moyens détournés pour trouver les réponses à ses questions, la jeune femme savait quand il ne fallait pas insister. En l'occurrence, Bryanna Jugson lui répondait d'une manière qui la laissait sur sa faim. Leur position dans la société... Parlait-elle de son sang-pur ou de son futur mariage avec Shawn Llewellyn? Certainement pas le fait qu'elle soit guérisseuse en tout cas. Car il était peu probable que l'homme possède une position dans la société qui soit très inférieur au statut de guérisseuse. Cependant, cette manière de voir les choses n'était pas au goût de la jeune enseignante. Cela donnait l'idée de classes, de strates hiérarchisés dans la société et, même si, dans le floue, elle était d'accord pour une certaine hiérarchie, la sorcière n'était pas d'accord quant à la fixité des positions prétendus. Tous les sorciers étaient égaux.

"Oui, je comprends. C'est un métier dangereux."

Krystal était historienne. Pour des raisons de sécurité nationales, il y aurait toujours des choses qui lui seraient cachés, mais cela ne l'empêchait nullement d'avoir étudié ce département, elle qui avait travailler quelques années au ministère avant de s'intéresser à l'histoire politique. Le barman lui servit le verre commander et Krystal le remercia d'un sourire.

"Cependant, je ne vois pas en quoi votre position sociale et la sienne sont très différentes."

Encore une fois, hormis le sang-pur prétendu par sa famille et son mariage avec la famille des Llewellyn, elle ne voyait pas. Il s'agissait surtout pour elle d'en avoir la confirmation, pas de rentrer dans un débat pour savoir si oui ou non, Jugson avait le sang-pur même si pour Krystal, cette prétendue pureté était un mythe.